La Motte-Picquet Grenelle, ce matin à 9 heures ...
En plein dans la bouche lumineuse, je tente de reprendre mon souffle, perdu dans un goût mentholé. Je sais qu'on est plusieurs à étouffer, mais personne d'autre n'essaie de respirer. Pas de masque à oxygène, juste des senteurs chimiques de fausse gaïté, ersatz de rivière, pré ou autre. Le bonheur a le nez bouché. Ici on a toujours une jambe en l'air quand on se déplace, comme la haute société a un ptit doigt levé quand elle se désaltère. On va vite, de plus en plus vite, sans jamais se demander où l'on va. On sait juste où l'on ira pas. Je ne pense pas que l'on sache où l'on veut aller. On veut peut-être juste oublier d'où l'on vient. On veut voyager en rond, sur pied sur Terre, l'autre dans l'indécision ...
... j'aurais aimé que tu viennes t'assoir devant le centre Pompidou avec nous ce midi, on a mangé des biscuits et rigolé, j'ai même parlé américain avec un gars qui connaissait un malgache bourré. Il m'a demandé si je venais d'Espagne et pensait que ce que je nomme l'Océan Indien, le monde civilisé le nomme l'Océan Pacifique ... Je lui ai donné un euro, il a apprécié. Moi aussi. Y'a un mec qui jouait de la guitare sur des cymbales, et un fille qui se prenait pour un groupe suédois. On m'a offert du boulot dans l'humanitaire, et vendu de force un journal, brrr ces roumains ! J'ai aidé un papa à porter sa valise dans les marches du métro, et j'ai acheté un sac violet avec un lézard dessus. Ce soir quand j'irai dormir, il me manquera qu'une seule chose. Enfin, non, deux : un appart aussi !
Avant d'aller dans mon appart fictif avec ma colocatrice j'irai chez un gars qui bosse un peu dans le cinéma, paraît-il... mais là encore, ça reste fictif, toujours. Avec un peu de chance je serai caissière chez Ed le week-end. Un miracle que je sois pas encore allée au ciné : ah ben non : j'ai pas de fric, j'oubliais ...
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